L'amour parental s'exprime souvent par le désir d'offrir le meilleur à son enfant, de lui épargner toute difficulté ou frustration. Cependant, lorsque cette intention bienveillante se transforme en surprotection ou en gratification excessive, elle peut devenir un frein majeur au développement de l'autonomie, pourtant essentiel à l'épanouissement futur de l'enfant.
Gâter un enfant, c'est, dans le contexte de l'autonomie, lui retirer l'opportunité d'exercer ses propres compétences. En anticipant systématiquement ses besoins, en réglant chaque petit conflit, ou en accomplissant des tâches qu'il pourrait réaliser lui-même (s'habiller, ranger ses jouets), le parent envoie un message implicite : "Tu n'es pas capable." L'enfant privé d'efforts à fournir ne développe pas la compétence — le sentiment d'être efficace dans son environnement.
Paradoxalement, alors que les parents surprotecteurs cherchent à garantir la sécurité de leur enfant par l'omniprésence, ils minent souvent un autre pilier essentiel à son bien-être : le sentiment de sécurité découlant du cadre. Il est démontré que l'enfant a besoin de repères clairs pour se sentir en sécurité. Les limites et le cadre sécurisent l'enfant car, malgré un sentiment de toute-puissance illusoire, il a encore beaucoup à apprendre et a besoin d'être guidé.
Un environnement où les règles sont floues ou inexistantes (souvent le cas lorsque les parents cèdent à toutes les demandes par amour ou par fatigue) empêche l'enfant de savoir jusqu'où il peut aller. Il doit constamment "tester" l'adulte pour redéfinir ces frontières, ce qui engendre une anxiété sous-jacente, car il ne peut jamais se reposer sur une attente stable. L'autonomie véritable ne peut s'épanouir que dans un cadre sécurisant où l'enfant sait ce qui est attendu de lui.
Soutenir l'autonomie ne consiste pas seulement à faciliter le quotidien ; c'est un investissement direct dans la santé mentale future. La Théorie de l'Autodétermination, établie par les chercheurs Deci et Ryan, postule que l'épanouissement repose sur la satisfaction des besoins d'autonomie, de compétence et de relation. Un environnement où l'enfant est trop gratifié ou sur-assuré entrave directement les deux premiers besoins. L'enfant peut développer un locus de contrôle externe, croyant que ce sont les autres (les parents) qui déterminent les résultats de ses actions.
Les travaux en psychologie soulignent qu'un enfant qui apprend à naviguer seul dans son environnement, à faire des choix et à assumer les conséquences (positives ou négatives) développe la résilience nécessaire pour faire face aux défis. Gâter l'enfant, c'est lui retirer la possibilité de développer cette force intérieure, car il n'aura jamais appris par l'expérience que ses propres actions, même imparfaites, sont la source de son pouvoir personnel.
Sources : psychologie-integrative.com